L’originalité de l’Analyse Transactionnelle, dont le père est Eric Berne (1910-1970),repose sur le métissage de ses origines. Enracinée dans la psychanalyse, elle présente aussi beaucoup de territoires communs avec les théories humanistes, auxquelles elle est souvent rattachée. Enfin, s’étant développée à la même époque que les théories systémiques, elle porte en son sein à la fois des éléments de causalité linéaire et circulaire.
Cette richesse intrinsèque éclaire sa nature profondément intégrative (12 écoles de pensée cohabitent en Analyse Transactionnelle) et ses champs d’application : théorie du développement de la personne, de la communication, de la dynamique des groupes et des aspects culturels et mythiques des organisations.
Cette ouverture s’articule à l’affirmation d’une identité, et d’un socle de valeurs forts dans la relation d’aide, que Petruska Clarkson rattache à celui des théories humanistes* :
- la centration sur le client, et sa responsabilisation dans la démarche de changement. Celui-ci est acteur de son engagement au travers d’un contrat, qui mobilise sa volonté consciente. La philosophie de Berne est également de donner accès au client à une compréhension facilitée de lui-même.
- une approche globale du développement de la personne, y compris dans ses dimensions émotionnelles et corporelles ; ainsi la recherche d’insight est-elle reliée à une expression émotionnelle, en créant la sécurité nécessaire.
- la priorité absolue accordée à l’expérience subjective de la personne, plus qu’à l’interprétation ou à une théorie préétablie, l’Analyse Transactionnelle étant considérée par Berne comme une «phénoménologie systématique ».
- une relation de l’accompagnant avec son client, recouvrant plusieurs dimensions, comme : l’alliance de travail au service d’une progression ; la relation de transfert et de contre-transfert ; la relation « réelle » entre deux personnes, rencontre authentique, qui demande la disposition empathique et la disponibilité du coach à s’impliquer émotionnellement dans la relation avec le client.
- la prise en compte des potentialités humaines positives, sous-tendue par la reconnaissance de la valeur fondamentale de l’individu, son « être OK », et par l’énergie de la Physis, présente en chaque individu. Sous ce terme, Berne nomme cette « force de croissance de la nature,… qui fait que les personnes saines luttent pour atteindre leur idéal ».
- dans le champ des organisations plus particulièrement, l’attention forte portée au système environnant, à ses caractéristiques culturelles et sa dynamique d’évolution.
L’ancrage de l’Analyse Transactionnelle dans la psychanalyse lui a apporté son concept névralgique, celui de scénario : individuel ou collectif, il est une source de déterminisme mais aussi de structure qui fait sens.
Elle s’en différencie toutefois en offrant une perspective nouvelle de la dynamique de la topique freudienne, à travers le modèle des états du moi, qui relie l’intrapsychique et les comportements.
En coaching l’Analyse Transactionnelle nous apporte cet héritage : un cadre de pratiques solide, des clés de lecture à la fois profondes et concrètes de la problématique apportée par le coaché, et du matériau qu’il manifeste dans la relation, en provenance de la culture dans laquelle il évolue et de son propre scénario.
*«Transactional Analysis as a humanistic psychotherapy», Transactional Analysis Journal, 23,1, Janvier 1993 pp.36-41.